La cité blanche

Après l’Altiplano, son vent aiguisé et son froid assassin, on est contents de retrouver un peu de chaleur en débarquant à Sucre. Située à une haute altitude moins élevée, le climat y est plus doux et notre souffle moins court. On reste, tout de même, à 2.700m au-dessus du niveau de la mer. On range bonnets, gants et doudounes pour quelques jours. On ne le savait pas en arrivant, mais on prolongera le séjour à plus d’une semaine.

Sucre a, en effet, beaucoup pour nous plaire. Sa douceur de vivre et son atmosphère estudiantine. Une architecture coloniale de très bon goût, avec de grandes façades blanches, de superbes bâtisses d’un autre temps, une place centrale magnifique arborant quelques palmiers, et enfin, son marché animé. Véritable bijou de l’art baroque latino-américain, certains la considèrent comme l’une des plus belles villes d’Amérique du Sud.  On ne peut pas encore juger, mais en tout cas, on apprécie déjà le climat et l’atmosphère agréable qui y règnent. Capitale constitutionnelle de Bolivie, la cité blanche dispose d’un centre-ville assez petit, dont on a vite fait et refait le tour… L’impression de déjà-vu nous fait plait pour une raison bien précise: on s’y sent comme à la maison.

Sucre, c’est aussi le repère de la petite bourgeoisie bolivienne. Beaux quartiers en périphérie, belles tenues en ville. Dames distinguées, messieurs coquets, jeunesse branchée. Exit les indigènes. Selon certaines sources, il y aurait même un peu de mépris à leur égard dans le coin. Ah bon? Pourtant, sans Potosi, ses ressources exceptionnelles et le travail des indigènes (et autres peuples exploités jusqu’au sang), Sucre ne serait qu’une bourgade sans paillettes. Mais nous verrons ça au prochain épisode.

Last but not least, Angie nous a dégoté une adresse de rêve pour y séjourner! Une adresse comme on les aime. Celle où, à la base, on réserve 3 nuits, et où on finit par ne plus décoller. C’est dire comme on s’y sent bien. La Dolce Vita, tenue par un couple franco-suisse, qui y vit depuis 5 ans avec ses 2 enfants, porte parfaitement son nom. Au même titre que Sucre porte bien le nom de cité blanche.

En posant nos valises dans notre chambre, on sait d’emblée qu’ici, on a trouvé un petit coin de paradis. Pour se reposer. Flâner. Ralentir le rythme. Chambre spacieuse avec un coin salon, douche chaude fonctionnant au gaz (ce qui – il faut le dire – est assez rare en Bolivie), énorme terrasse ensoleillée du matin au soir avec transats (le pied, surtout que le soleil est de la partie), cuisine équipée à notre disposition, ambiance cool et accueil chaleureux de la part d’Olivier, l’homme de la maison.

Au total, de prolongation en prolongation, on y restera 9 nuits. Dont une passée dans les toilettes pour Angie. Une petite intoxication alimentaire, aussitôt soignée à base de coca, de médicaments et d’une merveilleuse et diététique recette de poulet/riz/coriandre concoctée par Nels.

Vous l’aurez compris, à Sucre, nos journées sont plutôt décontractées. Ici, on vit au rythme méditerranéen! Entre deux courses et/ou deux bons restos, on musarde sur notre terrasse ensoleillée. On aime beaucoup aussi flâner en ville. Découvrir, au détour d’une rue, une belle église ou un beau parc. Faire une jolie photo et continuer notre chemin. Bref, se laisser vivre et surtout, ne pas faire de tourisme! Pas de visites au planning. D’ailleurs, pas de planning. Pour une fois.

On a tout de même fait un petit effort: monter jusqu’au Mirador de la Recoleta qui surplombe la ville! Sympa. Principalement, pour la promenade dans le quartier. Petites ruelles en pavés adossées à la colline, vieilles maisons en adobe, vie locale trépidante…

Ah oui! On a aussi fait un gros effort. Le fameux marché de Tarabuco, à une soixantaine de kilomètres de Sucre. On ne pouvait y échapper. Il est, en effet, plébiscité comme « l’excursion à ne rater sous aucun prétexte » dans la région. Avec l’expérience, on peut affirmer: on l’aurait bien évité. Pourquoi?

Le marché, en lui-même, n’a rien d’exceptionnel (les fruits et légumes n’étaient pas plus beaux que ceux du marché central à Sucre). Ce qui fait son succès, ce sont les indiens Yamparas et Tarabucos qui vivent dans les environs, et qui, pour cette occasion, affluent à Tarabuco. Les touristes, quant à eux, viennent en masse pour les photographier. Leurs habits et leurs chapeaux sont très folkloriques, ce qui fait le bonheur des photo-touristes. Un jeu du chat et de la bête de cirque qui nous met mal à l’aise. C’est à la limite du voyeurisme, et on a légèrement honte d’être là et d’être associés aux chats. De plus, et c’est plus dérangeant encore, la relation avec les habitants du village en est malheureusement altérée. Il est difficile de les approcher et d’échanger. Ils nous (nous et nos objectifs imposants) évitent. Et lorsqu’ils nous accostent c’est dans le seul et l’unique but de nous vendre un de leur produit artisanal. On peut les comprendre, mais cette ambiance casse tout intérêt pour l’évènement.Après le marché. On se décide à poursuivre l’effort. On assiste à un spectacle de danse folklorique: Origenes. On adore. C’est l’occasion d’en apprendre plus sur la culture bolivienne et d’enrichir notre séjour. On en prend plein les yeux. Les danses sont tantôt sensuelles, tantôt comiques (les hommes reniflent sous les jupes des dames et tombent dans les pommes). Les costumes sont impressionnants et on se rend compte que les danses varient fortement selon la région d’origine. On traverse les époques également. Ce qui nous permet de voir l’évolution des costumes et des danses à travers celles-ci.

Puis, c’est le choc. On découvre que la lambada, le grand hit des années 80, est née en Bolivie. Dans les Yungas pour être précis. Les esclaves africains, exploités dans les mines d’argent de Potosi, s’y installèrent suite à l’abolition de l’esclavage. C’est là qu’est née la culture afro-andine dont l’influence sur la culture bolivienne est relativement importante. C’est d’autant plus vrai dans la musique bolivienne. Notamment, avec l’un des plus beaux rythmes, la saya. La lambada n’est autre chose qu’un honteux plagiat d’une chanson (Llorando se fue) du groupe Los K’jarkas. Bouuuh!

Pour couronner notre séjour à Sucre, on a fait la rencontre d’Auriane. Une jeune parisienne fraichement débarquée en ville. Venue poursuivre son cursus en anthropologie pendant un an. Elle est passionnée par la culture Inca et parle même quechua. On est en admiration devant son engouement pour ses études à son jeune âge (on a fêté ses 21 ans ensemble). Bravo!

Pour bien conclure ce chapitre, nous avons diné au restaurant réputé de l’Alliance française, avec Auriane justement. Que du plaisir pour nos papilles de retrouver des saveurs bien connues. Une belle soirée d’adieu à la cité blanche… Pour mieux partir à la découverte de Potosi.

Les quelques photos, ci-dessous!
Angie

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